La sortie masquée au bord de l'eau

[ Ouvert à tous et n'importe qui ^0^ Je reprécise tout de même que personne n'est censé savoir qu'il s'agit en réalité de Jadis. Ni ses partisans ni ceux d'Aslan le savent ! Secret =D ]

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Cela faisait des lunes que Jadis ne s'était pas retrouvée à l'envie de se costumer. Un beau jour - trop printanier à son goût - cependant, à son éveil, la Reine Blanche eut pour songes quelques souvenirs : Et si elle se travestissait à nouveau afin de quitter son château et se promener un peu dans les contrées de Narnia ? En pleine réflexion, elle finit par se lever de son lit royal, ôtant ses robes de glace pour une tenue plus légère, digne d'une Naïade, et ensorcela ses cheveux gelés afin qu'ils retrouvent leur forme initiale, bien plus naturelle, ces derniers tombant alors à nouveau sur ses épaules, d'une teinte rousse flamboyante. Passant devant un des miroirs de son immense palais, elle eut un sourire, sourire, qui, pour elle, pouvait paraitre joyeux, mais qui pour les autres ne pouvait sembler que cruel et mauvais. Elle chuchota, comme à elle-même :

"Te revoilà, Thilda... Je me disais, aussi, que cela faisait bien trop longtemps."

Ainsi transformée en une personne toute différente que celle qu'elle était habituellement aux yeux de tous les Narniens, elle pourrait, comme elle l'eut déjà fait de nombreuses fois, se fondre dans le pays sans certifier qu'elle était elle-même tout simplement Jadis, celle qui avait été vaincue, mais surtout celle qui représentait un réel danger pour les habitants de Narnia. Souriant de ses plans costumés, elle se redressa alors, rangeant sa baguette de glace en la glissant sous une de ses jarretelles cachées, se frotta les mains et fit volte-face, bien déterminée à quitter ce palais morne afin de se rendre elle-même sur les terres qui ne lui appartenaient plus, quoi qu'elle pouvait bien en dire.

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Clac Clac Clac Clac

Très rapidement, elle fut sortie. Pas de fidèles, pas de traineau ni d'attelage, cette fois : Cela serait bien trop voyant. Ainsi se risqua t-elle à prendre les chemins à pied, elle qui n'en avait pas tant l'habitude. Finalement, sa marche la mena aux Criques des Eaux de Cristal, endroit qu'elle n'avait pas côtoyé depuis des lunes et des lunes. Rien n'avait changé, pourtant, si l'on mettait néanmoins de côté le fait que tout était à présent ruisselant, verdoyant, bref, tous les signes caractéristiques d'un printemps au sommet de son art.

"Fichtre... Ce qu'il peut faire chaud dans ces maudites contrées !"

Clac Clac Clac Clac

Personne en vue, pour le moment. A moins que ?
Ne serait-ce pas quelque chose, ou quelqu'un, non loin, près des rivages ?

C'était une splendide journée. Le ciel était d'un bleu azur délectable, et la nature semblait s'être parée de ses plus beaux atours, en ce jour de printemps. Théodore, pour une fois relativement matinal, s'était réveillé doucement. Il s'était rapidement aspergé d'eau près de son abri, vêtu puis avait continué son éternelle tâche : parcourir l'entière contrée de Narnia. Depuis son arrivée en cette terre inconnue, le jeune homme avait bien eu le temps de comprendre qu'il ne retournerait pas chez lui de si tôt. Dans cette certitude, que pouvait-il envisager d'autre que parcourir cette terre... Le nez au vent et en toute insouciance, le jeune homme avait flâné l'entière matinée, s'étant dirigé vers le sud de Narnia, pour finalement s'égarer et atteindre la crique dite "Des Eaux de Cristal". L'endroit était splendide. Le soleil, à son zénith, se reflétait magnifiquement dans les eaux claires de la crique. Le printemps avait, d'évidence, repris tous ses droits. Cela ne le contrariait pas plus que ça. Il appréciait le paysage de Narnia, en quelque saison que ce soit. Ereinté par son long trajet, il s'assit un moment dans le sable. La fraicheur de la brise caressait lentement son visage, il se sentait à l'aise. Retirant soigneusement ses mocassins et ses chaussettes puis retroussant son pantalon, le jeune homme se rapprocha du rivage et y laissa tremper ses pieds.
Il soupira de bien être.
Depuis son arrivée à Narnia, il avait rarement ressenti une telle sensation. Après avoir passé un moment allongé ici, peut être se redirigerait il vers son abri...
L'atmosphère douce et agréable du moment le menait loin, bien loin d'ici.
Eden aurait adoré cet endroit. Elle qui avait toujours aimé la nature, se serait sentie ici comme chez elle. La perte de sa soeur avait, chez Théodore, engendrée une énorme douleur, prête à se rouvrir à chaque instant. Il repoussa bien vite au loin dans son crâne le tendre souvenir de sa soeur cadette, admirant passionnément l'étendue liquide qui se déroulait à perte de vue, devant lui. L'éventualité de se baigner lui paraissait très tentante. Il releva la tête. Une compagnie aurait été, en ce moment paisible la bienvenue. Cela faisait bien longtemps que le jeune homme ne s'était pas entretenu avec qui que ce soit.Soudain, il se retourna. Cela faisait bien plusieurs minutes qu'il avait ce sentiment d'être épié, et son instinct avait une fois de plus été bon.

A quelques mètres plus loin se tenait une femme. Elle semblait irréelle, par sa grande taille, sa stature d'impératrice oubliée... Splendide chevelure rousse, peau pâle, à la beauté éthérée. Intrigué, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de la regarder fixement. Jamais il n'avait rencontré une telle femme à Narnia, il s'en serait souvenu.
L'aspect mystérieux et magique de l'apparition lui conférait un caractère divin.
Sans doute quelque dryade ou naïade égarée...
Choisissant d'aborder la créature, quelle qu'elle soit, le jeune homme se remit sur pieds, et commença lentement à se diriger vers elle, l'air amical.

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L'immense créature qu'était Jadis, ou plutôt, en l'occurrence, Thilda, s'en laissait s'abandonner à quelques promenades, tranquilles, contrairement à son éternel caractère de glace. Il fallait bien dire que la femme – Si l'on pouvait l'appeler ainsi – prenait un bien malin plaisir à ce petit manège, ce costume qui en avait déjà troublé plus d'un, les habitants de Narnia ne pouvant vraisemblablement pas le moins du monde se douter de la véritable identité de cette étrange dame. Quelques pas, gracieux et bien placés, et elle remarqua donc la silhouette étrange d'un personnage qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Un... jeune homme ? Cette information ne manqua pas de faire un tour dans les terribles songes de la sorcière, cette dernière ne montrant pourtant pas une once de ses pensées dans ses expressions presque douces.

Alors que Théodore l'approchait, affichant un air pour le moins amical, peut-être un peu curieux, elle accueillit sa visite d'un simple sourire, profondément beau, un sourire, oui, que nul Narnien n'avait eu l'occasion de voir sur le visage ordinairement fermé et mauvais de la reine de l'hiver. Se tournant vers le jeune homme en le dardant de ses yeux couleur émeraude très particuliers, elle lui laissa entendre, très calmement, d'une voix calme et envoûtante, mélodieuse, avec le respect qui était toujours accordé aux paroles des habitants de Narnia :

« Bien le bonjour, Narnien. Belle journée, n'est-ce pas ? »

Belle journée ? Quelle blague ! Le printemps ne siégeait guère à la grande femme, qui le déplorait intérieurement, maudissant chacune de ces fleurs, de ces brins d'herbe épanouis, de ces arbres feuillus, de cette chaleur étouffante. Tout ceci, à ses yeux, témoignait de la présence infecte de l'ignoble Aslan, son plus profond rival, l'ennemi incarné dans le corps d'un lion aux allures divines.

Alors qu'elle se retrouvait, de sa taille impressionnante et de ses allures de déesses face à la jeune personne qu'était Théodore, Thilda esquissa un nouveau sourire, tandis que ses pensées semblaient batailler dans son âme toute entière.
Elle n'avait pas rêvé.
Il s'agissait bien là d'un fils d'Adam.
Une créature, de la race des humains, parvenu à Narnia de par quelques obscures raisons.
Que faisait-il là ?
Depuis combien de temps arpentait-il les plaines de ces contrées, si lointaines de son monde ?

Que de questions, qui ne trouvaient pourtant pas de réponses dans les faits silencieux de ces deux personnages, encore inconnus l'un pour l'autre. Cela ne saurait tarder, sans doutes. Ainsi, Thilda ajouta t-elle, très simplement, haussant doucement les sourcils d'une phrase interrogative en observant les moindres traits de cette créature de la race des enfants qui avaient causé sa perte :

« Comment t'appelles-tu, Fils d'Adam ? Je n'ai jamais eu le plaisir, de te croiser dans ces contrées. »

Rien, qui ne pouvait la trahir.
Simplement, des questionnements fréquents, des observations que bon nombre de Narniens laissaient entendre à chaque nouvelle rencontres. Il fallait dire qu'il était bien rare, pour Jadis, de se rendre compte de la présence de nouveaux venus, ce ce monde qu'elle avait un jour connu, pour l'avoir visité, déportée de Charn dans la réalité des humains par deux pauvres enfants qui n'avaient alors dû qu'y voir un certain malheur.

Les aiguilles du temps avaient commencé à tourner.
L'imprudence de deux humains lui avaient permis d'entrer dans le monde de Narnia,
Aux sources mêmes de la création de la vie,

Les deux entités s'étaient rencontrées,
Aslan, Jadis,
Pour les plus grands maux de ce magnifique pays,
Façonnés sous leurs pattes de géants.
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